De sang froid

Le 15 novembre 1959 à Holcomb, bourgade du Kansas, deux jeunes ex-détenus, Perry Smith et Dick Hickock, assassinèrent dans leur maison un couple de fermiers, les Clutter, et leurs deux enfants adolescents. Un meurtre sauvage, gratuit en apparence puisque le butin se monta à quelques dizaines de dollars. Arrêtés un an plus tard, en repassant la frontière après quelques mois d’errance au Mexique, ils furent condamnés à mort. Avant leur pendaison, en 1965, l’écrivain Truman Capote consacra une longue enquête à l’affaire, s’installant à Holcomb pour y rencontrer les policiers et les anciens voisins des Clutter, suivant le procès, et surtout s’entretenant régulièrement avec les prisonniers qu’il accompagna vers la mort. De sang froid fut publié l’année suivante et ce non-fiction novel (“roman documentaire”), selon le terme de son auteur, passionna l’Amérique. Le parallèle établi par Truman Capote entre le meurtre et le châtiment prenait pourtant à rebrousse-poil l’immense majorité des Américains., Film quasi-documentaire racontant le meurtre de la famille Clutter en 1959. Robert Blake. Scott Wilson. John Forsythe. Paul Stewart. Gerald S. O’Loughlin. Jeff Corey. Charles McGraw. John Gallaudet. Will Geer. Un film de Richard Brooks., Kansas, 1959. Dans les couloirs de la prison, Perry a entendu parler du magot des Clutter, une famille de fermiers. Si tôt libéré, il retrouve son compère Dick Hickock et décide de réaliser ce coup facile. Mais alors qu’ils s’introduisent dans la maison, l’un des enfants les surprend et l’affaire tourne mal. Le père Herbert, son épouse Bonnie, les petits Nancy et Keynon sont abattus à bout portant. Lorsque la police découvre le massacre, les meurtriers en cavale se sont déjà réfugiés au Mexique… Passionné par ce fait divers, Truman Capote en a tiré un roman à succès. Richard Brooks, d’emblée captivé par le travail d’enquête mené par l’écrivain, a construit son film dans un scrupuleux souci de réalisme, adoptant une démarche quasi documentaire. Les acteurs, inconnus pour la plupart, furent choisis pour leur ressemblance avec les victimes. Richard Brooks imposa le noir et blanc aux producteurs réticents et alla jusqu’à tourner les scènes de crimes chez les Clutter. Le résultat est une expérience unique, à la hauteur des exigences que s’étaient imposées l’auteur.